Le qi-gong des Huit Trigrammes (ba gua) offre une succession de huit postures debout, chacune permettant de se relier à l’un ou l’autre de ces huit éléments fondamentaux de la nature. Dans ce contexte particulier les trigrammes s’organisent par paires agencées ainsi :
Terre et Ciel – Yin et Yang
Feu et Eau – Yang et Yin
Montagne et Brume – Yin et Yang
Foudre et Vent – Yang et Yin
Les deux dernières paires forment une reprise élaborée des deux premières :
La Montagne reprend l’énergie de la Terre
La Brume reprend l’énergie du Ciel
La Foudre reprend l’énergie du Feu
Le Vent reprend l’énergie de l’Eau
La posture de la Terre invite à accueillir l’énergie qui vient d’en bas, lente, lourde, confiante, profonde, nourricière. Elle apporte une qualité de force tranquille.
La posture du Ciel accueille l’énergie qui vient d’en haut, légère et vibrante, lumineuse. Elle apporte la qualité d’un esprit clair, affuté.
La posture du Feu propose deux intentions: l’une est de s’imprégner de l’énergie du Feu, tandis que la seconde est de laisser s’éloigner l’éventuel excédent de Feu interne.
La posture de l’Eau invite à se relier à l’énergie des eaux de source, une énergie vivifiante, pure et fraîche.
La posture de la Montagne apporte un sentiment de grande stabilité dans la durée. Le pratiquant se sent inamovible, dans une qualité de présence paisible.
La posture de la Brume transite par celle du Lac, d’où l’eau s’évapore pour former la Brume. La posture de la Brume développe la conscience que certaines réalités se dérobent à notre raison, que certaines facettes du vivant resteront mystérieuses à jamais, échappant à notre compréhension rationnelle.
La posture de la Foudre est probablement la plus difficile à tenir. Elle correspond à l’expérience de la compréhension subite des choses. D’un état de tension générée par une quête difficile jaillit parfois cet Eurêka grâce auquel tout s’éclaire soudainement.
La posture du Vent permet d’aérer largement corps et esprit, emportant d’éventuelles énergies indésirables et offrant la sensation de chevaucher le Vent, comme les Immortels taoïstes le font pour passer d’un monde à l’autre, ou comme un cavalier ou un motard grisé par le vent de la vitesse.
La pratique de ce qi-gong se conclut en ramenant les huit énergies au dantian inférieur, à la profondeur du corps.
Photo d’illustration: le moine taoïste Yang Gaozhen dans les monts Qiyun, en été 2000